La guerrière des glaces by Sophie Dabat

Auteur:Sophie Dabat [Dabat, Sophie]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

1. L’ancêtre de la vodka, obtenu à base de malt de seigle, dont on pouvait augmenter la teneur en sucre en faisant fermenter les céréales.

12

Auðr

La skjaldmö ignorait s’il s’agissait de renforts du pillard qu’elle avait laissé fuir ou d’un convoi de commerçants itinérants, à moins que ce ne fût une tribu d’éleveurs samis, mais le nombre de personnes seul suffisait à la mettre en garde.

Plus d’une vingtaine de cavaliers, dont la majorité était montée sur des rennes, l’entouraient, accompagnés d’autres juchés sur des bulkes rapides. Derrière eux se trouvaient deux gros véhicules tractés par des rennes, conduits par des femmes qui portaient le kofte traditionnel des Samis – mais elle pouvait confondre car le costume vepse lui ressemblait beaucoup.

Surtout, tous arboraient, à la ceinture ou à la main, des fouets, des épieux, des couteaux ou des bâtons pouvant sans difficulté devenir des armes contondantes.

D’un air nonchalant, elle fit jouer ses haches dans ses mains et se campa devant l’entrée de leur petite lavvu, bloquant son entrée sans en avoir l’air. Ceux qui voudraient du mal à Asdan – ou voler leurs quelques possessions – devraient passer sur son corps.

Son mouvement suscita une vague de méfiance en face d’elle, et les cavaliers vêtus de rouge et de bleu se postèrent en demi-cercle face à elle, leurs yeux sombres rivés sur sa silhouette.

Plusieurs d’entre eux se consultèrent du regard après l’avoir étudiée et, sachant qu’ils devaient s’interroger sur la conduite à tenir, elle leur adressa un sourire carnassier.

— Bonjour à vous, voyageurs, lança-t-elle d’une voix assurée dans son meilleur dialecte skolt. Cherchez-vous également à vous abriter pour la nuit ? La plaine est grande et découverte, nous pouvons y cohabiter à plusieurs sans nous gêner ni nous menacer.

Les deux hommes les plus proches d’elle, qui se tenaient côte à côte, se regardèrent. Ils portaient des épieux noircis au feu et parsemés de clous qui, plantés dans une chair, feraient des dégâts importants. Et, surtout, ils les tenaient avec la même désinvolture qu’elle, ce qui dénotait soit une habitude de longue date soit une méfiance tenace. Elle résolut de se méfier encore plus d’eux.

— Salut à toi, voyageuse. Tu sembles bien loin de ta contrée, et très seule. Que viens-tu faire sur notre territoire ?

Elle réfléchit un instant.

— Mes affaires ne regardent que moi… et mon époux, ajouta-t-elle après une seconde d’hésitation. Je suis ici dans un but bien précis, mais il n’est pas offensif et je ne cherche pas la confrontation. Je veux juste passer la nuit en toute tranquillité et reprendre ma route demain sans me battre.

L’un des hommes émit un rire bref et la toisa de la tête aux pieds.

— Et tu te battrais, seule contre nous tous ? Penses-tu vraiment avoir une chance de gagner ?

— Peut-être, ou peut-être pas, admit-elle sans difficulté. Mais, ce qui est sûr, c’est que je ne me laisserais pas vaincre sans rendre coup pour coup, et vous seriez nombreux à perdre quelques membres, ou la vie, avant de me tuer. Mais, je le répète, je ne tiens pas à me battre.

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